ENTRETIEN. À l’heure où se tiennent à Conakry, sous la houlette des militaires, des assises nationales, le chef de l’Union des forces guinéennes appelle à la vigilance.
En Guinée, le président de la transition, le colonel Mamady Doumbouya, au pouvoir depuis le 5 septembre dernier, a donné mardi 22 mars le coup d'envoi des assises nationales, soit une conférence de six semaines, qu'il a présentée comme une occasion « historique » de panser les plaies d'un pays marqué par des décennies d'histoire souvent brutale. Une démarche loin de faire l'unanimité. À Conakry, de nombreuses voix se sont élevées pour exprimer leur scepticisme devant ces assises, au contenu et aux objectifs vagues. Le contraste est frappant : après l'accueil initialement favorable fait aux putschistes, la grogne va grandissant au sein de la classe politique et de la société civile contre un exercice jugé autoritaire et solitaire du pouvoir. Le climat s'est tendu au point qu'un groupement de 58 partis politiques a publié une déclaration publique dans laquelle il interpelle directement les dirigeants actuels. Au titre des griefs, les partis politiques déplorent que « l'inclusivité et la justice, qui étaient au cœur de la profession de foi du CNRD à sa prise du pouvoir, ne semblent plus être la boussole de son action publique ». Sidya Touré, président de l'Union des forces républicaines (UFR), la troisième force politique du pays, n'en démord plus, la transition déraille et les autorités font tout leur possible pour retarder le retour à l'ordre constitutionnel. Au point de reprendre les manifestations ?